La métropole de Lyon a annoncé le retour à une gestion publique de l’eau en 2023, face aux menaces que font peser sur la ressource le changement climatique, la pollution et le gaspillage.
Après trois décennies de gestion privée à Lyon, le retour à une gestion publique de l’eau était une promesse de campagne des Verts et de leurs alliés. «L’eau n’est pas une marchandise, c’est le bien commun le plus précieux. La priorité absolue, c’est de préserver la ressource, en qualité et en quantité», a déclaré l’écologiste Bruno Bernard, qui préside l’agglomération de 1,4 million d’habitants depuis 2020.
La nouvelle régie sera créée au 1er janvier 2022 pour entrer en service un an plus tard, à l’échéance du contrat du groupe Veolia. Cette reprise en main s’accompagne d’une nouvelle stratégie, à l’horizon 2035, qui inscrit la distribution d’eau potable dans le cycle naturel de la ressource, sujet à diverses vulnérabilités. «Le débit d’étiage du fleuve Rhône, pour lequel aucun volume réservé n’a jamais été négocié avec la Suisse, devrait baisser de 10% à 40% d’ici 2050, avec une fonte totale de l’apport glaciaire en 2070», a souligné Anne Grosperrin, vice-présidente de la métropole déléguée à l’eau et à l’assainissement.
Aussi, l’exécutif compte multiplier par quatre les surfaces désimperméabilisées du territoire sur le mandat actuel, en réduisant l’emprise au sol de l’urbanisme. Pour l’heure, 85% de l’eau de pluie file dans les égouts au lieu de s’infiltrer dans la terre. Des préemptions foncières sont également prévues autour des aires de captage d’eau potable pour les protéger des pesticides en les transformant en zones naturelles ou en y installant des agriculteurs bio.
Alors que 16% de l’eau potable se perd actuellement dans les fuites du réseau, la métropole promet d’accélérer le renouvellement des 4.000 kilomètres de canalisations au rythme de 1% par an, contre 0,75% actuellement, en réinvestissant les marges financières que dégageait l’opérateur privé jusqu’à présent.
La collectivité compte, enfin, associer plus étroitement les usagers à la gestion de l’eau : quatre représentants siégeront au conseil d’administration de la régie et un panel de citoyens planchera sur une tarification solidaire, en faveur des plus démunis, pour 2024.